Qui est Shaïn Boumédine, la révélation du nouveau film d’Abdellatif Kechiche?
Chaque film de Kechiche est très attendu. A fortiori après La Vie d’Adèle, entouré d’une aura positive puisque le film a reçu la Palme d’or à Cannes en 2013 mais également d’un petit goût de souffre suite aux polémiques sur les méthodes de travail du réalisateur. Mektoub My Love s’attire en tout cas déjà les meilleures critiques et son interprète principal, Shaïn Boumédine risque fort de voir sa carrière décoller.
Il y a deux ans, alors qu’il travaille sur une petite plage privée pour “faire un peu de sous et financer ses études d’ingénieur”, Shaïn Boumédine reçoit un mail le convoquant à un casting pour de la figuration. Il a alors 20 ans, vient de Montpellier, est fils d’un Algérien et d’une Marocaine et vient de suivre une année de BTS. “J’avais répondu à une annonce 2014 avec mon meilleur ami, sans savoir pour quel film. Personne ne m’a jamais rappelé, mais en 2016, la directrice de casting d’Abdellatif, Stéphanie Ladet, a cherché dans les fiches de la région, et m’a contacté.” Après plusieurs sessions d’essais, qui s’intensifient, Shaïn rencontre le réalisateur Abdellatif Kechiche qui lui annonce qu’il souhaiterait le choisir pour le premier rôle. Dans Mektoub my love, ce jeune homme à la gueule d’ange joue Amin. Un apprenti scénariste qui revient dans sa ville d’origine pour l’été. Il revoit ses amis d’enfance, dont Ophélie, qu’il aime secrètement. Tout le film porte un sentiment d’intense liberté, d’hyper sensualité, de soleil, de plaisir… Amin admire les filles, mais reste en retrait. Il est assez vite identifié comme le double d’Abdellatif Kechiche, son alter-ego. Qui regarde mais ne touche pas, photographie pour sublimer, patiente des heures devant son sujet…
Le film a été présenté à la Mostra de Venise et a suscité l’émoi de la critique, notamment américaine. Dans un contexte post-Weinstein, difficile d’assumer ce “male gaze”, ce “regard masculin” sur les femmes. Un peu gênant de glorifier ces dizaines de fesses qui se trémoussent plein cadre. Mais pour Shaïn, aucun problème: “C’est un film, une histoire comme une autre. Je ne pense pas que ce film puisse être accusé de quoi que ce soit. Abdellatif nous avait promis de nous rendre beaux. Nous lui avons fait confiance, et le résultat est sublime. Il filme nos visages, nos corps pour nous mettre en valeur, comme l’ont fait des sculpteurs et des peintres depuis toujours.”
Toujours “dans le recul et l’observation”, Shaïn n’a pas du tout été impressionné par l’aura du réalisateur palmé pour La Vie d’Adèle. “Je ne suis pas du genre à m’emballer”, ni sur les critiques qu’il a pu lire sur ses méthodes de travail “Si on n’écoute ça, ça ne sert à rien de s’engager sur ce projet…” Son meilleur souvenir? La scène où Amin assiste à un agnelage: “c’était magique, c’était ouf, je respirais avec la bête, j’étais dans la contemplation, c’était un moment hors du temps.” Comme tous les acteurs révélés par Abdellatif Kechiche, Shaïn Boumédine a un bel avenir devant lui. D’autant que le réalisateur a prévenu qu’il aimerait suivre son personnage sur plusieurs films, jusqu’à l’âge de 45 ans! Pour l’instant, Shaïn est encore concentré sur le second volet de Mektoub my love, dont il reste quelques scènes à tourner. Il a rencontré par un agent il y a peu. Mais comme toujours, il ne s’emballe pas…
Crédits photos : DR
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